Auguste Louvrier de Lajolais (1829-1908)

Auguste Louvrier de Lajolais, après des études de peinture, se forme dans l’atelier de Charles Gleyre (1806-1874). Il exposera des paysages à plusieurs reprises aux Salons de peinture, à compter de 1859, puis en 1861, 1864, 1876 et 1905.

Parallèlement, il se prépare à une carrière de diplomate et entre au Quai d’Orsay dans les années 1850. Il sera successivement attaché à la légation de France à Naples, le 27 août 1851, puis au secrétariat général le 6 août 1852 et enfin à la direction des Affaires politiques le 27 janvier 1853. Il profite de cette période pour croquer ses confrères dans un savoureux album de caricatures, conservé aux archives diplomatiques.

Connu pour ses convictions politiques républicaines – il se bat en 1848 et 1870, reçoit la Légion d’honneur –, il quitte le Ministère des affaires étrangères et poursuit sa carrière au sein de l’administration du second empire puis de la troisième république. Il devient un membre très actif de l’Union centrale (dont Adrien Dubouché était déjà un acteur éminent) et de celle du musée des Arts décoratifs en tant que vice-président du conseil d’administration et membre de la commission du musée.

A partir de 1868 jusqu’à son décès, il se consacre à la réforme de l’enseignement de l’art décoratif ; son long mandat (1881-1908) de directeur des Ecoles Nationales d’Art Décoratif de Paris, Limoges, puis Aubusson, lui permet d’exploiter les effets des changements qu’il avait pu mettre en oeuvre.

Grande réforme de l’enseignement de l’art décoratif

L’intérêt de Louvrier de Lajolais pour l’enseignement se manifeste de manière éclatante dès 1868, lorsqu’il participe au Congrès international des arts du dessin à Bruxelles puis préside celui qui se tient au Palais de l’industrie l’année suivante.

Il soutient deux des idées qui inspireront sa réforme de l’école d"arts décoratifs : celle de « l’unité de l’art et de l’unité de son enseignement », et la nécessité de rendre obligatoire dès l’école primaire l’enseignement du dessin. Egalement sensible aux mutations de l’industrie, il n’hésite pas à introduire tout ce qui peut favoriser la prise en compte des nouveaux moyens de production.

L’Union centrale, rebaptisée en 1864 Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, organise les expositions de 1865 et 1869, qui sont accompagnées de concours pour les écoles et d’un congrès portant sur les méthodes d’enseignement du dessin.

Une étape cruciale : centralisation des écoles de Limoges et d’Aubusson

Louvrier de Lajolais prépare la réorganisation systématique des études et des méthodes, dans le vaste cadre de la réforme de l’enseignement mise en place au début de la troisième République. Elle vise, par une centralisation puissante, à donner une forte impulsion à l’adoption des nouvelles théories en matière d’enseignement du dessin dans les écoles de province liées à des industries locales importantes.

Par la loi du 15 juin 1881, l’établissement de Limoges, de municipal devient national et rattaché sous la même autorité que celle de l’école nationale d’art décoratif de Paris ; suivra le 31 mai 1884, l’école municipale d’Aubusson qui, par décret, devient école nationale d’art décoratif d’Aubusson. Louvrier de Lajolais se trouve nommé directeur des trois ENAD de Paris, Limoges et Aubusson.

À plusieurs reprises, les comptes rendus de distributions des prix de fin d’année mentionnent les trois écoles comme étant réunies sous une même direction: « Outre l’école d’Art décoratif de Paris, M. de Lajolais a dans ses attributions les écoles de Limoges et d’Aubusson, de telle sorte qu’une certaine unité de doctrine préside à l’enseignement des trois écoles, et que les élèves de l’école de Paris, par exemple, font des compositions qui sont exécutées à Limoges ou à Aubusson, c’est-à-dire qu’ils peuvent se rendre compte directement de l’effet produit par leurs dessins une fois que ceux-ci sont transformés en assiettes, en plats, en tapisseries, etc. Cet enseignement pratique et tout à fait nouveau donne des résultats inappréciables.».

A Limoges, le nouveau règlement comporte la réorganisation totale de l’enseignement, pensée en fonction de l’activité spécifique de la ville. Un atelier est immédiatement créé, qui accueille les futurs décorateurs céramistes, et les cours de modelage sont conçus dans le but de former une main- d’œuvre spécialisée. Toutefois l’esprit de la formation artistique générale est maintenu : «l’école n’est pas professionnelle à proprement parler : son enseignement général, préalable à toute application, témoigne bien plus de la préoccupation d’élever le goût par la culture des éléments nobles empruntés à tous les arts que de donner la connaissance des pratiques d’atelier ; en d’autres termes, on a voulu, non pas former des apprentis, toujours moins habiles à l’école que dans la fabrique, mais compléter l’éducation des apprentis et les rendre aptes à apporter dans leurs travaux ultérieurs des qualités que la connaissance du dessin et de la composition de l’ornement peut seule développer.». Ainsi, tout en tenant compte des besoins spécifiques de l’industrie locale, l’enseignement se conforme aux dispositions nationales dont le directeur commun est le garant.

Cette unification de l’enseignement entre l’école de Paris et celle de Limoges sera réalisée grâce à l’emploi des mêmes professeurs, ainsi qu’à la collaboration étroite entre les élèves des deux établissements. Les expositions de fin d’année mettent en effet souvent côte à côte les dessins des élèves parisiens et les céramiques produites à partir de ceux-ci par les élèves limousins.

Tapisserie Aurore ou les trois ENAD

Tapisserie de basse-lice en laine, soie et fils de coton métallisés, 385 × 239 cm. Collection ENAD Aubusson, dépôt à la Cité internationale de la tapisserie.

Aurore ou les trois ENAD, réalisée à Aubusson en 1895, d’après un carton de Charles Genuys, et présentée à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris.

Elle représente une jeune fille, Aurore, cueillant une rose dans un jardin de fleurs en bord de mer. L’ensemble est encadré par une bordure florale. En haut, sont représentés les emblèmes des 3 écoles nationales d’art décoratif existant alors en France : Paris, Aubusson et Limoges. Au bas, un écusson porte la mention écrite : « Écoles nationales des arts décoratifs ».

Il s'agit d'une allégorie de l’enseignement artistique dans le cadre d'une politique de centralisation. La jeune Aurore qui étudie une rose, symbolise les préceptes pédagogiques alors en vogue, faisant notamment écho aux cours de dessin de fleurs ou d'après la plante vivante.

Fontaîne de l'hôtel de ville de Limoges

Monument célèbre et bien connu des limougeauds, la fontaine de porcelaine de l’hôtel de ville, est réalisée en 1893 avec la participation collective des élèves et professeurs de l’ENAD Limoges (atelier de modelage pour la porcelaine) et de l’ENAD Paris (modèle et dessin par l'architecte Charles Genuys, atelier de modelage pour les bronzes de Jacques-Ange Corbel), avec le concours de la manufacture Guérin pour la peinture et la cuisson de la porcelaine.

Les citations de cette page ont été empruntées à la thèse de Mme Rossella Froissart-Perone : « L’École à la recherche d’une identité entre art et industrie (1877-1914) ».

Pour plus de détails consulter :

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=16&ved=2ahUKEwiBrubcyIbpAhUQAGMBHas2D2cQFjAPegQIBRAB&url=http%3A%2F%2Fwww.baronrenouard.com%2FRenouard%2Fwp-content%2Fuploads%2F2012%2F06%2FPaul-renouard-et-l%25C3%25A9cole-des-arts-d%25C3%25A9coratifs.pdf&usg=AOvVaw0dVj8a3fQDQ6cpuwJ_PHZ-

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